La vie a repris timidement son cours, ce lundi 12 novembre, au lendemain des inondations qui ont fait une dizaine de morts et d’importants dégâts matériels à travers le département du Nord. Les différents acteurs poursuivent les efforts pour le retour à la normalité.
Banques, établissements scolaires et commerces ont à nouveau ouvert leurs portes dans la ville du Cap Haïtien, après trois jours de fermeture suite aux inondations qui ont touché le département, dans la nuit de jeudi à vendredi dernier. Selon des chiffres de la Direction de la protection civile (DPC), cette catastrophe a coûté la vie à 11 personnes dont deux adultes et neuf enfants. Une vingtaine de maisons a été détruite et plusieurs dizaines d’autres endommagées. En outre, d’importantes quantités de jardins maraichers et de bétails ont été emportées par les eaux.
Au marché Cluny de Cap Haïtien, la circulation est presque revenue à la normale, ce lundi matin. « Je suis vraiment contente de reprendre mon commerce. J’ai tout perdu. L’eau a tout emporté chez moi. Mais, pour continuer à vivre, je dois travailler », confie une marchande, qui crie à tue-tête, pour attirer l’attention des rares acheteurs.
Dans les agences bancaires, les files d’attente s’allongent. « Malgré ces moments difficiles, la vie doit poursuivre son cours. Les gens ont besoin de l’argent pour faire face aux difficultés supplémentaires causées par les inondations. Des dispositions ont été prises pour répondre aux différents besoins de nos clients », assure, sous couvert d’anonymat, un responsable de banque sur la rue A, également victime des inondations.
Rodney, un vendeur de cartes de recharge à proximité du Collège l’Essor du Cap Haïtien, s’estime soulagé par la reprise de l’activité économique. « Même si je n’ai pas directement été touché par les inondations, j’ai cependant souffert tout autant que les victimes. Depuis trois jours, je n’ai fait aucune rentrée d’argent et la situation commençait à devenir intenable », explique-t-il, fier de terminer l’installation de son petit commerce après les inondations.
Avec le retour du soleil, le calvaire de Vatine, qui travaille dans un salon de coiffure sur la Rue A, a pris fin. «Nous avons nettoyé une première fois le magasin, ce vendredi matin. Mais, le soir, avec le retour des pluies, la boue est revenue de plus belle. L’apparition du soleil nous donne le courage de nettoyer une seconde fois, on espère reprendre nos activité dès cet après-midi », confie la coiffeuse.
Une mobilisation générale au profit des sinistrés
Transformé durant quelques jours en abri provisoire, les autorités ont travaillé d’arrache-pied durant tout le week-end, pour permettre le redémarrage des cours au Lycée Philippe Guerrier, le plus grand établissement scolaire du département. « Cela fait vraiment du bien de retourner à l’école. Surtout avec le soleil », se réjouit Sylvain, élève en classe de Rhéto. « Mais il faut enjamber plusieurs mares de boue et de tas d’immondices, avant d’accéder à l’établissement et aux salles de classe », regrette-t-il cependant.
En effet, plusieurs rues de la ville sont encore encombrées par des détritus et de la boue. Seules les voies principales ont été dégagées. Il faudra certainement plusieurs jours pour que le Cap Haïtien retrouve son ambiance ordinaire.
En outre, quelques stations de radio et de télévision sont toujours fermées. C’est le cas de Radio télé Africa (RTA) et de Radio télé Venus (RTV). « Les techniciens mettent les bouchées doubles pour que les programmes reprennent », confie Canos Garnier de la RTV.
Pour le moment, les efforts se concentrent sur le retour à la normalité. Le ministre de l’Intérieur est présent au Cap-Haitien, afin de gérer l’urgence au plus près. Les autorités locales et les partenaires nationaux et internationaux poursuivent leur assistance aux quelque 1.400 victimes évacuées dans 11 abris provisoires (églises et écoles) à travers le département.
Les Casques bleus chiliens de la MINUSTAH, les agents du Ministère des Transports publics et télécommunications (TPTC) et d’une entreprise privée, pour le compte du Centre National des Equipements (CNE), poursuivent les opérations de déblayage des voies et de distribution d’eau potable dans les abris provisoires. Le gouvernement, à travers le Fonds d’assistance économique et sociale (FAES), les agences onusiennes et organisations non gouvernementales continuent la distribution de kits alimentaires et de bons d’urgence dans les communes du Cap-Haitien, Grande-Rivière, Quartier Morin, Limonade, Limbé et Bas-Limbé.
Vicky Delore Ndjeuga
